Pendant 80 ans, le nom Red Feather était synonyme avec la charité et la philanthropie à Montréal.
Cliquez ici pour lire Red Feather in Montreal (1.6mo PDF), une histoire (en anglais) de la Plume Rouge.
Pendant plus de 50 ans, les Services unis de la Plume Rouge (Red Feather United Services) ont soutenu tous les grands organismes sociaux et institutions oeuvrant au service de la communauté anglo-protestante de Montréal.
La fédération d'organismes sociaux qui allait devenir la Plume Rouge a été créée en 1922, mais l'attachement aux oeuvres de bienfaisance a toujours été une tradition respectée dans les familles anglo-protestantes de la ville. Alors que l'Église catholique avait un vaste programme de services sociaux pour ses paroissiens francophones et anglophones, dans la communauté protestante, les premières actions de bienfaisance étaient menées à titre individuel.
Avec la croissance rapide et l'industrialisation de Montréal, des problèmes sociaux nouveaux eurent tôt fait d'épuiser les ressources individuelles. Et c'est ce qui motiva la fondation et le financement d'organismes de bienfaisance bénévoles soutenus par des particuliers. Les organismes anglo-protestants qui allaient par la suite se grouper sous le parapluie de Red Feather (la Plume Rouge) ont aidé à jeter les bases du réseau de la santé et des services sociaux que nous connaissons aujourd'hui.
Tout a commencé en 1817 avec la formation de la Female Benevolent Society à laquelle on doit la fondation de l’Hôpital Général de Montréal. Beaucoup d'autres institutions suivirent, dont le Montreal Protestant Orphan Asylum en 1822, le Montreal Maternity Hospital en 1843, le University Settlement en 1893 et les Infirmières de l'Ordre de Victoria (IOV) de Montréal en 1897.
Bon nombre d'initiatives lancées sous l'égide de la Plume Rouge étaient avant-gardistes. En 1887, à une époque où une société dominée par les hommes prônait la valeur famille, a été créé le Montreal Day Nursery - les premières garderies au Canada. Le Dispensaire diététique de Montréal, établi en 1878 comme soupe populaire, a acquis une notoriété internationale par ses programmes innovateurs de nutrition pour femmes enceintes et démunies. Des cliniques médicales ont été mises sur pied comme projet de démonstration en 1920. Dans les années 50, le Mental Hygiene lnstitute ouvrait le premier service de consultation conjugale au Canada.
L'aide à la famille et à l'enfance était certes au coeur de l’activité de la Plume Rouge, mais la fédération a touché à presque tous les domaines sociaux. Elle a soutenu le plus vaste programme de loisirs et d'éducation non confessionnel de la ville pour les jeunes des quartiers défavorisés : les Montreal Boys and Girls' Associations, les Boy Scouts, la Parks and Playgrounds Association, le Griffintown Club, le YWCA, le Unity Boys' Club, la Maison Columba.
Les organismes de santé de la Plume Rouge ont assuré la prestation des services extra hospitaliers les plus étendus à Montréal avec les IOV, le Centre de réadaptation Constance Lethbridge (Occupational Therapy Centre), le Mental Hygiene lnstitute, l'Institut national canadien pour les aveugles. Ils ont offert de grands programmes pour les personnes âgées et les handicapés intellectuels. La fédération a fourni à des institutions telles que le Protestant Orphans' Home, la Mission Old Brewery, la Weredale House, Shawbridge et le Sheltering Home des moyens pour venir en aide aux orphelins, aux délinquants juvéniles, aux mères seules et aux sans-abris.
Beaucoup d'organismes de la Plume Rouge pratiquaient une politique d'ouverture totale, offrant des services à tous les groupes, sans égard aux convictions religieuses ou à la langue. Ils ont aussi encouragé et aidé l'établissement de centres communautaires de quartier auxquels participait la population locale tels que le Negro Community Centre et le University Settlement.
Dès ses débuts, la Plume Rouge a largement participé à l'évolution de l'enseignement du service social dans la ville. En 1932, sa fédération mère a pris l'initiative de créer la Montreal School of Social Work (l'École de service social, qui est par la suite devenue une faculté de l'Université McGill). Les organismes de la Plume Rouge ont été une pépinière de nouveaux travailleurs sociaux pendant plus de 50 ans. Cette oeuvre n'aurait pas été possible sans les largesses de Montréalais philanthropes qui firent don de propriétés et d'argent pour des bâtiments qui allaient abriter les organismes de la Plume Rouge.
Quand l'État prit un rôle dominant dans l'administration du bien-être social au début des années 60, la Plume Rouge soutenait plus d'une centaine d'organismes dans le domaine de la santé et des services sociaux au service des communautés protestantes et non confessionnelles de Montréal.
À la fin de 1966, avec la réorganisation par Québec du secteur de la santé et des services sociaux dans la province, beaucoup d'organismes de la Plume Rouge devinrent des établissements parapublics. Lors de la création de Centraide en 1974 pour chapeauter les activités de financement et de planification pour le secteur bénévole de la région de Montréal, les organismes restants de la Plume Rouge se joignirent à la famille Centraide.
Ce fut un geste éloquent de confiance et d’ouverture de la part de la Plume Rouge. Car malgré sa situation de minoritaire, la communauté anglo-protestante a volontiers fait don de tous les services et de toutes les structures qu'elle avait bâtis au fil des ans pour marquer son attachement au bien de toute la population de la grande région montréalaise.
En fait, la Plume Rouge fut un des principaux membres fondateurs de Centraide de la région de Montréal. Et son personnel ainsi que ses bénévoles ont joué un rôle clé dans la mise sur pied et le fonctionnement de la nouvelle entité. La tradition de charité établie par les premiers bienfaiteurs de la Plume Rouge reste bien ancrée chez leurs descendants et dans l'armée de bénévoles qui continuent de soutenir les organismes et institutions de charité de Montréal.